L’iconoclasme comme manière de nier la réalité.

Tout au long de l’histoire spirituelle des peuples, en particulier celles qui naissent autour de notre tradition judéo-chrétienne, l’iconoclasme a été une constante trop suspecte pour en ignorer le sens. Et même si cela peut sembler bizarre de le dire, l’arrière-plan de cette attitude religieuse séculaire peut être vu dans l’actuelle flambée de haine envers toutes sortes d’images qui peuvent représenter la civilisation occidentale, que ce soit ici en Amérique du Nord, ici au Canada ou en Europe.

Tout au long de l’histoire spirituelle des peuples, en particulier celles qui naissent autour de notre tradition judéo-chrétienne, l’iconoclasme a été une constante trop suspecte pour en ignorer le sens. Et même si cela peut sembler bizarre de le dire, l’arrière-plan de cette attitude religieuse séculaire peut être vu dans l’actuelle flambée de haine envers toutes sortes d’images qui peuvent représenter la civilisation occidentale, que ce soit ici en Amérique du Nord, ici au Canada ou en Europe.

Les iconoclastes sont ceux qui détestent les images, en particulier celles qui représentent le divin. Ils affirment que toute représentation anthropomorphique de Dieu est de l’idolâtrie et que leurs images doivent donc être détruites.

Avant de continuer, il faut préciser qu’il s’agit de réflexions faites en principe par une personne athée, seulement que l’athéisme que je pratique est un athéisme qui comprend l’idée de Dieu et de la religion comme des réalités qui façonnent l’existence humaine jusque dans ses moindres détails et c’est pourquoi une analyse philosophique est nécessaire.

L’antécédent théologique le plus lointain et le plus profond est peut-être la théologie juive, selon laquelle nous ne pouvons jamais dire ce que Dieu est, mais ce qu’il n’est pas : Dieu n’est pas fini, Dieu n’est pas temporaire, … c’est-à-dire que nous ne pouvons pas connaître Dieu.

Cette position se heurte à la tradition catholique d’accès par la raison naturelle à l’existence de Dieu selon les fameuses cinq voies thomistes reprises d’Aristote.

L’islam, en particulier, est radicalement iconoclaste et n’autorise pas les représentations anthropomorphiques de Dieu, ou de Mahomet, ou même de tout être humain dans une sphère religieuse. Voir pour cela l’art musulman et son absence de formes humaines décoratives dans les mosquées. En l’an 723, le calife Yazid avait déjà ordonné le retrait des images des temples chrétiens dans les terres soumises à son domaine.

La secte mahométane, comme on l’appelait toujours, partageait cette aversion avec de nombreuses sectes chrétiennes antérieures et ultérieures de sa propre création.

Le manichéisme gnostique se cache toujours derrière la haine de la représentation du divin : la haine de la matière créée, la répugnance de croire que Dieu s’est fait homme, chair et donc la possibilité de notre rédemption et de notre résurrection.

L’hérésie des Pauliciens rejetait les images, les signes visibles sacramentels, voire l’adoration de la croix, puisqu’ils affirmaient que le Christ n’était pas mort sur la croix. Les terres mêmes d’Afrique du Nord qui ont été conquises par l’Islam étaient auparavant criblées d’hérésies iconoclastes comme les donatistes du IVe siècle.

De même, alors que l’Empire byzantin était menacé par les musulmans, au VIIIe siècle, de terribles conflits éclatèrent en son sein entre les partisans de l’iconoclasme.

L’iconoclasme réapparut avec force, d’abord dans les mouvements pré-protestants, comme les Hussites, qui balayèrent l’Europe, et plus tard par le luthéranisme et le calvinisme et toutes les sectes puritaines qui se caractérisaient par la destruction de toutes les images chrétiennes qu’ils trouvaient sur leur chemin.

Cette haine des images du divin ou des saints était justifiée comme piété anti-idolâtre. Mais, comme nous l’avons dit, c’est le reflet de la négation de la possibilité que Dieu devienne chair et donc visible. Cette gnose éternelle, perpétuée sous mille formes différentes, a eu dans l’histoire des effets révolutionnaires dont n’importe quel spécialiste pourrait nous parler.

Au fond, l’iconoclasme est un rejet du credo apostolique, mais aussi de l’histoire de l’homme occidental et, par contrecoup, de l’histoire humaine en général.

Derrière toute utopie, niant l’histoire, la gnose continue de se cacher sous ses séduisantes multiformes.

La Gnose, pour avoir haï la rédemption, hait l’homme et hait l’histoire. Pour cette raison, toutes les formes de représentation et de mémoire de l’histoire doivent être effacées. Qui ne se souvient comment, sans la moindre gêne, les talibans afghans ont dynamité les bouddhas de Bâmiyân et la communauté internationale est restée complice en silence ?

Est-ce que quelqu’un sait peut-être que l’Arabie Saoudite a interdit les fouilles archéologiques à La Mecque, car ils considèrent que le passé ne peut pas être remémoré ou étudié.

Les meilleurs experts assurent que si des fouilles étaient demandées, nous trouverions les restes d’une colonie juive et préislamique.

Les livres d’histoire enseignés dans les pays islamiques les plus radicaux commencent par Mahomet. Avant c’est comme si rien n’avait existé. Ça n’a pas d’importance, ce n’est pas de l’histoire, et ça n’a pas de sens pour eux, donc il n’y a pas besoin de l’étudier. Ainsi, avec l’histoire assassinée, personne ne pourra défier l’Islam.

Dans les révolutions modernes, l’iconoclasme est réapparu avec la haine des sociétés libérales envers les images religieuses, ou la destruction de monastères et couvents presque millénaires rasés ou ruinés au XIXe siècle par le libéralisme. Toute mémoire du christianisme devait être effacée.

Sommes-nous surpris que ces derniers temps une haine irrationnelle se soit manifestée envers toutes ces sculptures, tableaux renommés, statues, qui, tant en Amérique qu’en Europe, pourraient représenter notre histoire ?

Pas du tout, les foules iconoclastes que l’on a vues en lisant les journaux, en regardant les infos ou tout simplement sur les réseaux sociaux, reflètent la haine de soi d’une civilisation qui a besoin d’effacer sa mémoire historique pour éviter de se confronter à son identité.

Nous sommes conscients que les sculptures, les images, peuvent représenter le bien et le mal, mais c’est notre histoire et les images nous la révèlent pour en tirer des leçons.

Paradoxalement, après la chute de l’URSS, en Russie, les tentatives d’abattage des images communistes ont été contenues et aujourd’hui encore plus de 6 000 gigantesques sculptures de Lénine sont conservées. Il nous semble qu’au moins la Russie entend préserver son passé récent même si ce passé était horrible. Voir une statue de Lénine permettra à un père d’expliquer à son fils qu’un jour son pays a traversé la tragédie du communisme, par exemple.

Mais ici au Canada, nous avons simplement été lobotomisés pour détester l’histoire et être des iconoclastes irrationnels de la postmodernité, protégés par le confort de pouvoir faire du shopping chez Maxi, Super C et Metro.

A bientôt mes chers amis.

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